Pratique Programme
Nov Nov 2013
La Balsamine

Personnes

Malgré l'omniprésence de la politique dans le monde aujourd’hui, nous vivons paradoxalement dans des sociétés très dépolitisées.

Nous faire comprendre.

Il est de plus en plus difficile de réfléchir au-delà des concepts politiques connus et de sortir des rôles sociaux prédéterminés.

Dans cette situation, l'art doit réinventer des nouvelles façons de politiser l'espace public qu'il représente et éviter d'être juste une autre représentation des relations de pouvoir existantes.

Olivier Frljic vient mener un atelier où il présentera sa méthodologie et les stratégies qu'il met en place pour réintroduire la notion du politique au théâtre, du point de vue du contenu et de la représentation.

Un point de départ sera le conflit communautaire entre flamands et wallons; comment expliquer ce conflit à un étranger?

En collaboration avec la Balsamine.

Oliver Frljic

Oliver Frljic est né en 1976 en Bosnie-Herzégovine, mais la guerre l'a fait déménager en Croatie.

Après avoir étudié la philosophie, la religion et la mise en scène, il a rapidement été considéré comme l'un des metteurs en scène croates les plus innovants et controversés, oscillant librement entre scènes alternatives et institutions officielles, réalisations classiques et performances.

Suscitant l'intérêt du public à travers un théâtre engagé, Oliver Frljic a toujours cherché à aborder des sujets essentiels mais aussi tabous; la responsabilité pour les crimes de guerre, l'oubli collectif, la culture de l'impunité et les idéologies radicales.

Entretien

"Il faut tracer un signe d'égalité entre éthique et esthétique."

Extraits d'un entretien avec Oliver Frljic:

"Tout le monde est prêt à parler de la responsabilité individuelle, mais j’essaye toujours de prouver à partir de données statistiques qu’il existe une autre culpabilité, au niveau collectif.

Je crois qu’il faut tracer un signe d’égalité entre éthique et esthétique, en particulier dans les sociétés qui sont dénuées de courage et d’initiative civiques face à leur passé récent. Je pourrais m’efforcer de comprendre une partie de ces arguments, si les sujets dont nous parlons avaient déjà été thématisés dans un certain nombre de pièces. Mais ce n’est pas le cas. Je n’ai pas envie d’inventer un nouveau langage scénique juste pour faire plaisir à quelques critiques.

Or je crois que c’est justement là que se pose la question essentielle: où le théâtre commence- t-il, et où s’arrête-t-il? Tout ce qui se passe dans le cadre du théâtre relève d’une double sémiose: tout ce qui se passe sur scène est fiction, mais quand j’y investis des morceaux de ma biographie ou de celle des interprètes, la frontière entre fiction et réalité extra-théâtrale est repoussée et bousculée. Je crois que c’est en cela que réside le malentendu entre mes pièces et une partie de la critique, qui décrète: “on a déjà vu la même chose”. Ok, mais vous l’avez vu dans un milieu où cet écart est d’ores et déjà institutionnalisé, tandis que dans une société où la tradition théâtrale est complètement différente, il est ô combien important de travailler à cette déstabilisation.

Je ne comprends vraiment pas comment quelqu’un peut être apolitique par les temps qui courent, et je ne peux que conseiller à ces personnes de se rappeler comment a commencé et sur quoi est fondé le théâtre occidental. Aristophane apostrophait des gens qui étaient assis aux premiers rangs, et dans “les Perses” Eschyle parlait au lendemain de la bataille de Salamine de choses qui concernaient directement son public, si bien que je ne saisis pas du tout cette idée selon laquelle le théâtre devrait chercher je ne sais quelle distance, temporelle ou autre. Je crois que le théâtre en tant qu’art éphémère se déroule à un moment concret pour des gens concrets, et par conséquent je ne vois pas pourquoi nous devrions parler de choses, de personnes et de problèmes concrets de façon détournée.

Certaines de mes pièces ont réussi à soulever des débats sociaux majeurs et, chose essentielle à mes yeux, il faut créer les conditions pour qu‘ait lieu la représentation secondaire, qui marque le passage de la pièce à l’espace médiatique.Vu sous la perspective du théâtre dramatique, c’est une idée pour le moins blasphématoire car selon le paradigme classique, le théâtre est censé se réaliser dans son médium primaire, mais à la différence d’un grand nombre de gens de théâtre sous nos latitudes, tel n’est pas mon avis."

Extrait de Théâtre Croate 6_2012. Entretien réalisé par Matko Botic.

Illustration

Le Cifas fait appel à des dessinateurs contemporains pour illustrer sa communication. Carl Roosens a illustré le stage "Nous faire comprendre".

Je touche à l’illustration, la gravure, la chanson, la vidéo et l’animation. J’ai réalisé plusieurs livres et films d’animation avec Noémie Marsily. J’ai récemment sorti un nouveau disque de chansons en français sur le label Bruxellois Humpty Dumpty Records.