Aujourd'hui, de plus en plus d'artistes font appel à la participation du public, invité à accompagner créativement la réalisation de projets artistiques.

Audience not allowed

Aujourd'hui, de plus en plus d'artistes font appel à la participation du public, invité à accompagner créativement la réalisation de projets artistiques.

Que ce soit en direct ou de manière préparée, par des entretiens ou en flashmob, ces citoyens, communautés et groupes de personnes outrepassent, le temps d'une oeuvre, la passivité du spectateur classique. L'émancipation du regard est devenue l'enjeu dominant de ces nouvelles pratiques scéniques, généralement urbaines.

Les récents travaux de Roger Bernat questionnent presque systématiquement les formats, protocoles et préjugés du théâtre de participation, d’interaction ou d’immersion.

Le workshop présente les signifiants poétiques des créations de Bernat, analyse la généalogie poétique du théâtre participatif, les raisons qui l'ont fait devenir un genre à part entière ces dernières décennies, et enfin, explore les motivations idéologiques de son évolution.

Nous essaierons de comprendre les liens de ce théâtre fait par/pour le public avec la performance historique, notamment à partir des notions de vérité, d'immédiateté et de spontanéité. Nous verrons que les formats interactifs de ce nouveau genre sont à bien des égards le résultat de la métamorphose que ces notions ont subi sous la pression du paradigme post-moderne, représentant ainsi une expression directe de ce que certains théoriciens ont appelé « culpabilité » de la culture, ou même, un phénomène de post-culture.

Présumant la passivité du spectateur classique, l’émancipation du regard est devenue l’enjeu dominant des nouvelles pratiques scéniques. Nous analyserons dans quelle mesure l’action directe du spectateur (ou le passage à l'acte) adoptée par cette pratique permet une interactivité fantaisiste appartenant à part entière à l'idéologie post-moderne. Nous verrons à quelles conditions et à quel prix se réalise l'extra-territorialité du « nouveau » spectateur et si la mobilisation poétique de celui-ci implique une réelle émancipation, ou si le résultat de ce nouvel enjeu n'est pas plutôt de repositionner le spectateur en tant qu'acteur principal sur la scène de la culture comme performance du discours.

Enfin, nous verrons si, comme cela a déjà été prétendu, la participation sabote les lois du spectacle ou si elle les métamorphose.

Roger Bernat sera au kunstenfestivaldesarts avec sa création "Numax-Fagor-plus" du 16 au 23 mai 2014. Plus d'infos ici.

Le workshop "Audience not Allowed" est organisé en collaboration avec le kunstenfestivaldesarts.

Programme

Jour 1: Origines de la participation. Formes symboliques de la mobilisation.
Jour 2: La participation et la civilisation du discours
Jour 3: Naissance du théâtre d'immersion d'après la mystique de la performance.
Jour 4: Paradoxes, limites, pièges et délires de la participation

Chaque session sera divisée en deux parties. Roger Bernat commence par parler de ses performances participatives, il sera suivi par Roberto Fratini qui viendra détruire tous ses arguments.
L'objectif est de comprendre le rôle qu'il a voulu jouer dans l'art de mobiliser les spectateurs dirigés par le capitalisme avancé.

Roger Bernat et Roberto Fratini

Roger Bernat (1968) est l’un des chefs de file des arts de la scène en Espagne.

Études inachevées de peinture et d’architecture.
Prix Extraordinaire de l’Institut del Theatre en 1996.
En 2008, il commence à créer des dispositifs dans lesquels le public occupe la scène et devient protagoniste. « Les spectateurs traversent un dispositif qui les invite à obéir ou à conspirer et, en tout cas, à payer avec leurs propres corps et à s’engager. »
Parmi ces spectacles, citons Domini Públic (2008), Pura coincidència (2009), Le sacre du printemps (2010), Please Continue: Hamlet (2011), Pending Vote (2012), RE-présentation (2013) ou Desplazamiento del Palacio de La Moneda. Ces spectacles ont été présentés dans une vingtaine de pays.
En 2009, il publie avec Ignasi Duarte "Querido Público, El espectador ante la participación: jugadores, usuarios, prosumers y fans" (Ed. CENDEAC).

http://rogerbernat.info/

Roberto Fratini (Milan, 1972) est dramaturge et théoricien de la danse.

Professeur de Théorie de la Danse au Conservatoire de la danse à Barcelone, il collabore aussi avec de nombreuses insitutions théatrales et universitaires en Espagne et à l'international. Il dirige des cycles de formation en dramaturgie à La Caldera (Barcelone), à Pôle Sud (Strasbourg) en Suisse notamment à l’Usine (Genève), au  Sevelin 36 (Lausanne), au  Dampfzentrale (Berne), et à la Tanzhaus (Zurich).
Il a été dramaturge pour les compagnies de Caterina Sagna, Cie. Inesperada, Germana Civera, Lanónima Imperial, Juan Carlos García, Silvano Voltolina, General Elèctrica, Roger Bernat...
Ses poèmes, "Nodo Parlato", ont été publiés en 2001. Son livre "A Contracuento. La Danza y las derivas del narrar" (Cuerpo de Letra) est paru en 2012.

Illustration

Le Cifas fait appel à des dessinateurs contemporains pour illustrer librement sa communication. Steve Michiels a illustré le stage "Audience not Allowed".

Steve Michiels publie des dessins politiques depuis 1993 pour les quotidiens De Morgen, De Standaard, Het Laatste Nieuws, Knack, Humo, TV Expres, Teek et Bonanza en Belgique, aux Pays-Bas et dans le Fluide Glacial en France. Steve Michiels enseigne l’illustration à Saint-Luc à Gand et a publié plusieurs livres de dessins. Il a reçu les prix Boekenpluim pour "Baby Pop en Billy Boef", un livre pour enfants (avec Pascale Platel) et le prix BeNe pour un dessin sur l’autocensure après la publication des fameux cartoons danois jugés anti-islamiques.