Pratique Programme
May May 2016
La Bellone

Dans le théâtre contemporain, le message que l'on souhaite faire passer n'est pas nécessairement le message énoncé.  En d'autres termes, les « choses » montrées ou dites sur la scène physique doivent amener le public à voir et entendre d'autres « choses » sur une scène imaginaire : une scène au-delà de la scène physique. Ceci nous rend complètement dépendants de l'imagination du public.

What We Leave Unsaid

Dans le théâtre contemporain, le message que l'on souhaite faire passer n'est pas nécessairement le message énoncé.  En d'autres termes, les « choses » montrées ou dites sur la scène physique doivent amener le public à voir et entendre d'autres « choses » sur une scène imaginaire : une scène au-delà de la scène physique. Ceci nous rend complètement dépendants de l'imagination du public. 

En tant qu'artiste travaillant sous la censure, j'ai compris le fait que les « choses » censurées sont celles qui sont réellement dites ou montrées. Mais comment peut-on mettre au défi la société quand chaque sujet qui pourrait potentiellement être mis au défi est censuré à un certain niveau? Comment un travail qui doit passer cette censure peut-il traiter de questions censurées? Le fait est que la censure est seulement appliquée sur les « choses » et l'imagination est quelque chose qui ne pourra jamais être censuré. 

Dans mes travaux récents, je mets aussi l'accent sur ce qui reste non-dit dans notre vie quotidienne; des pièces qui sont le plus souvent basées sur la vie imaginaire, causée par l'environnement politique et social. 

Dans mon dernier travail, Hearing, c'est une voix d'homme qui est entendue dans un dortoir féminin où la présence masculine est complètement interdite. Dans une situation dans laquelle les « choses » sont pour la plupart interdites, la voix imaginaire de l'homme peut créer un homme réel dans le monde imaginaire. Un rapport basé sur une voix masculine imaginaire amène une destruction inattendue. Hearing  est une pièce construite sur les possibilités des scènes physiques et imaginaires. 

Dans le workshop What We Leave Unsaid, nous serons amenés à parler de la scène imaginaire qui apparait dans la pensée du spectateur. Comment peut-on construire cette scène, et comment peut-on absolument (ou presque) être sûrs que le public collaborera avec nous? Pour entrer dans l'imagination du public, nous avons besoin de bien le connaître, ce qui nécessite une compréhension de l'espace et du temps dans lequel il vit. 

Dans ce workshop, les participants et moi-même partagerons nos expériences de l'époque et de l'endroit dans lequel nous vivons, et communiquerons sans avoir besoin de tout dire ou montrer.

Dans le cadre du Kunstenfestivaldesarts. Avec le soutien de la Bellone.

Amir Reza Koohestani

Né en 1978 à Chiraz (Iran), Amir Reza Koohestani publie dès l’âge de 16 ans des nouvelles dans les journaux de sa ville natale. Attiré par le cinéma, il suit des cours de réalisation et de prise de vue. Pendant un temps, il joue aux côtés des membres du Mehr Theatre Group avant de se consacrer à l’écriture de ses premières pièces : And The Day Never Came (1999), jamais présentée, et The Murmuring Tales (2000). AvecDance On Glasses (2001), sa troisième pièce, en tournée pendant 4 ans, il acquiert une notoriété internationale. Suivent alors les piècesRecent Experiences (adaptation de la pièce des auteurs canadiens Nadia Ross et Jacob Wren, 2003) ; Amid The Clouds (2005) ; Dry Blood & Fresh Vegetables (2007) et Quartet: A Journey North (2007), toutes accueillies avec succès en Europe. Koohestani répond également aux commandes du Schauspielhaus à Cologne avec Einzelzimmer (2006), et du Nouveau Théâtre de Besançon en participant, avec les metteurs en scène Sylvain Maurice et Oriza Hirata, à la pièce Des Utopies ? (2009) présentée en France et au Japon. Après deux années d’études à Manchester, il retourne à Téhéran en juillet 2009 et crée Where Were You On January 8th? En octobre 2011, malgré son service militaire, il créé Ivanov, une adaptation de la pièce d’Anton Tchekhov, présentée avec succès à Téhéran pendant plusieurs semaines. En février 2012, le film Modest Reception, dont il co-signe le scénario avec Mani Haghighi – acteur et réalisateur –, remporte le Netpac Award au Festival International du Film de Berlin 2012. En septembre 2012, il crée la pièce The Fourth Wall, adaptation de la pièce originale England de Tim Crouch, présentée 100 fois dans une galerie d’art à Téhéran. En 2013, le Festival actoral à Marseille lui commande l’écriture d’une nouvelle pièce, Timeloss. Amir Reza Koohestani est le premier metteur en scène à remporter deux fois de suite le prix de la “Meilleure pièce de l’année” en Iran (Ivanov, 2011 and The Fourth Wall, 2012).

http://www.mehrtheatregroup.com/

Illustration

Le Cifas fait appel à des dessinateurs pour illustrer sa communication. Noémie Marsily a illustré le workshop mené par Amir Reza Koohestani.

Je suis née en 1983 en Belgique, et depuis j’y gribouille, grave, peins, dessine, griffonne des images qui bougent souvent. J'ai participé à de nombreux fanzines et livres collectifs chez Nos Restes et l'Employé du Moi. J'ai publié récemment une BD, "Fétiche"  aux Requins Marteaux, ainsi qu'un livre pour enfants, "le musée de la moufle", chez Sarbacane. Je réalise également des courts métrages d'animation, dont "Autour du lac", avec Carl Roosens.
noemiemarsily.tumblr.com/