Avez-vous remarqué et apprécié les costumes et la fière allure de la Consœurie des Connasses, lors des soumonces du Carnaval de la Louvière, au Carnaval Sauvage à Bruxelles ou bien sur les réseaux sociaux ? Elles arborent des combinaisons en mousse couleur chair, en hommage au gras, brodées de symboles empruntés au folklore des Gilles. La couleur chair évoque aussi la nudité des effeuillages de cabaret et les grosses combi sont aussi surpiquées de motifs en forme de string ou de guêpière. Elles sont donc aussi drôles que sexy que « chelou ». Elles sont appétissantes, on a envie de leur croquer le jarret et de les câliner comme un puffy kangourou de Walibi. Elles sont des bombasses saucisses doudou.
Malheureusement, l'opinion publique est divisée. Certains crient « Hourrah, vive la liberté, vive le Carnaval ». D'autres condamnent cette exubérance et crient littéralement « À mort ».
Manon Istasse, anthropologue à l'Eden, centre culturel de Charleroi, éclaire :
« On est très clairement dans une démarche où l’art s’empare de questions sociales, en l’occurrence, la place des femmes dans la société et l’amène dans un contexte folklorique qui, lui, est plutôt relativement codifié et ne laisse pas toujours forcément de la place à cette forme de contestation. »
Nous chantons, nous crions : « Elle est à qui la rue ? Elle est à NOUS, la rue. »
NOUS, au sens large, bouffant et joyeux comme la Consœurie.
(image : Murielle Lô)
Lancement Revue Feral n°3
! ERRATUM ! Le lancement de la Revue Feral n°3 aura lieu à La Bellone, le 14 mai à 18:00
Présentation de la Revue et conversation avec La Consœurie des Connasses à propos des mutations du Carnaval contemporain
La Revue Feral est la publication du Cifas qui récolte et prolonge les réflexions partagées pendant le festival du même nom. Cette année, c’est la place grandissante du rituel dans les arts vivants qui fait vibrer ses pages. Rites de l’intime, forces de guérison collective, (anti)spéculation urbaine ou réappropriation des traditions du Carnaval, tout cela danse, pense et transforme nos relations à l’espace public.
Alors save the date: le 14 mai on célébrera le lancement de ce troisième numéro et la quinzaine d’artistes, collectifs, praticien·nes et penseur·euses qui lui ont donné vie.
Au programme : présentation de la revue par son éditrice en cheffe Emmanuelle Nizou, sa dessinatrice Murielle Lô et sa graphiste Lucie Caouder. La Consœurie des Connasses sera aussi présente pour poursuivre les conversations sur les transformations du Carnaval contemporain entamées lors du festival Feral 2024.
(Participer : Essai sur les formes démocratiques de la participation, Joëlle Zask)
Arpentage #4
Ce samedi : en écho à la conférence de Joëlle Zask du 10 mars dernier, arpentons son ouvrage sur la participation
En art, en politique, à l’école, dans l’entreprise, dans la presse ou sur le web, une même injonction est aujourd’hui adressée à chacun·e d’entre nous : Participez !
Oui, mais à quoi, comment et dans quel but ? Que signifie, que sous-entend, qu’engage, la participation ? Sait-on ce que participer veut dire ? Rien n’est moins certain.
Dans cet essai, nous traverserons les formes possibles de la participation en nous questionnant sur leurs conditions d'existence et comment la démocratie s’incarne socialement, politiquement et culturellement à travers elles.
En en dessinant les contours et les formes, nous verrons en quoi la participation, celle qui est en jeu dans la qualité même des relations interhumaines, permet à chacun·e de contribuer à la construction d’un bien commun, tout en en bénéficiant également. Un idéal démocratique qui nous demande de toujours redéfinir l’espace public pour qu'il devienne un véritable lieu d’expériences et d'échanges égalitaires.
Le Cifas et le Kunstenfestivaldesarts s’allient pour proposer un atelier autour de la transformation du quartier de la Bourse
Depuis de nombreuses années, Jordi Colomer explore la ville comme un espace à la fois réel et fictif. Il crée des sculptures, des installations, des œuvres vidéo et des interventions publiques à caractère performatif, qui remettent en question l'utilisation habituelle de l'architecture et de l'espace urbain. Colomer est attentif aux systèmes de représentation de la ville et à notre capacité à les subvertir par l'imagination, l'humour et les utopies.
Colomer dirigera un groupe de travail sur la transformation du quartier de la Bourse au cours de la dernière décennie. Quels aspects intangibles d’une ville disparaissent quand ses paysages physiques changent ? L’atelier considère la ville comme un « théâtre étendu » et invite un groupe d'artistes et de citoyen·nes à l'explorer, en s'inspirant de l'architecture participative qui inclut les usager·ères, à l’image du travail des architectes belges Lucien et Simone Kroll. Le groupe se concentrera sur le potentiel de co-création de nouvelles traditions dans l'espace public, une alternative à la logique commerciale et à l'uniformisation des centres-villes aujourd'hui. Par la réflexion et l'intervention, les récits urbains contemporains seront remis en question.
Cette école de cinq jours est ouverte à tous·tes les citoyen·nes désireux·euses de repenser l'espace public. Elle sera tenue en anglais et en français.
L’enregistrement de la conférence de Joëlle Zask est en ligne : une traversée de sa pensée avec comme point de départ son ouvrage L'Art au grand air
Le Cifas a invité Joëlle Zask pour une conversation avec Giulietta Laki et Rafaella Houlstan-Hasaerts (Collectif de recherche-action Espèces Urbaines). Ensemble, elles ont traversé ses ouvrages, en prenant comme point de départ la réédition de Outdoor Art. La sculpture et ses lieux (2013) sous le titre de L'Art au grand air (2025) aux Éditions Premier Parallèle, l'occasion d'explorer les relations entre espace public, participation et pratiques artistiques.
Lors de cette conversation, la philosophe raconte son amour pour les oeuvres sculpturales de l'espace public, tout en élaborant une critique de la conception « en chambre » de la démocratie et de l'art. C'est l'occasion pour elle d'expliquer sa vision de la participation en démocratie et comment celle-ci peut s'appliquer à l'art. Elle revient également sur les différences entre « espace public » et « lieu public », en tissant des liens avec les écrits du philosophe pragmatiste John Dewey.
Have you noticed and appreciated the costumes and the allure of the Consœurie des Connasses at the Carnival in La Louvière, at the Carnival Sauvage in Brussels or on social media? They wear flesh-coloured foam suits, a tribute to fat, embroidered with symbols borrowed from the wallonian Gilles folklore. Their flesh colours also evoke the nudity of cabaret stripteases whilst the large jumpsuits are stitched with thong or garter motifs. They are as funny as they are sexy as they are weird. They are appetising, you want to bite into them and cuddle them like a puffy kangaroo at Walibi. They are bombastic sausage soft toys.
Unfortunately, public opinion is divided. Some shout "Hurrah, long live freedom, long live Carnival". While others condemn their exuberance and literally shout "Death to them all".
Manon Istasse, an anthropologist at Eden, Charleroi's cultural centre, enlightens us:
"We're very clearly in an approach where art takes up social issues, in this case the place of women in society, and brings it into a folk context that is relatively codified and doesn't necessarily always leave room for this form of protest."
We sing and shout: "Elle est à qui la rue? Elle est à NOUS, la rue." (Whose street is it? It's our street.)
NOUS - Us, in the broad, puffy and joyful sense, like the Consœurie.
(image : Murielle Lô)
Launch Feral Magazine n°3
! ERRATUM ! Feral Magazine n°3's launch will take place at La Bellone, on 14 May at 18:00
Presentation of the magazine and conversation with La Consœurie des Connasses about the evolutions of contemporary Carnival
Feral Magazine is Cifas' publication that collects and extends the reflections shared during Feral festival. This year, it focusses on the growing importance of rituals in the performing arts. Rites of intimacy, forces of collective healing, urban (anti)speculation or the reappropriation of Carnival traditions - all dancing, thinking and transforming our relationship to public space.
So, save the date! On 14 May, we will celebrate the launch of this third issue and the fifteen artists, collectives, practitioners and thinkers who have brought it to life.
On the programme: a presentation of the magazine by its editor-in-chief Emmanuelle Nizou, illustrator Murielle Lô and graphic designer Lucie Caouder. La Consœurie des Connasses will also be present to continue the conversations on the transformations of contemporary Carnival begun during Feral 2024.
(Participer : Essai sur les formes démocratiques de la participation, Joëlle Zask)
Arpentage #4
This Saturday: in echo with Joëlle Zask's lecture on 10 March, let's take a look at her book on participation
In the arts, in politics, at school, in the workplace, in the press or on the web, the same injunction is addressed to each and every one of us today: to participate.
Yes, but in what, how and to what end? What does participation mean, imply and commit us to? Do we know what it means to participate? Nothing is less certain.
In this essay, we will explore the possible forms of participation, looking at the conditions under which they exist and how democracy is embodied socially, politically and culturally through them.
By outlining their contours and forms, we will see how participation, which is at stake in the very quality of inter-human relations, enables everyone to contribute to the construction of commons, while also benefiting from it. This democratic ideal requires us to constantly redefine public space so that it becomes a genuine place for egalitarian experiences and exchanges.
A workshop with Jordi Colomer on the transformation of the Bourse district, in collaboration with Kunstenfestivaldesarts
For decades, Jordi Colomer has explored the city as a space that is both real and fictional. His practice involves sculpture, installation, video, and public interventions, with a marked performative sense that employs actions to test habitual uses of architecture and urban space. Colomer is interested in the system of representations of the city and our ability to subvert them by using imagination, humour, community, fiction, and utopia.
Colomer will lead a working group focused on the transformation of the Bourse area over the past decade. What aspects of a city's immaterial life vanish as its physical landscape changes? Inspired by participatory architecture—design shaped by those who use it—such as the work of Belgian architects Lucien and Simone Kroll, a group of artists and citizens will explore the city as an "expanded theatre". They will focus on the potential for creating new collaborative traditions in public space—alternatives to the commercial logic and homogenisation that dominate city centres today. The school will blend reflection and intervention to challenge contemporary urban narratives and foster the creation of future traditions.
This five-day school is open to all citizens interested in transforming public space and will be held both in French and English.
The recording of Joëlle Zask's conference is online: a journey through her thinking, starting with her book L'Art au grand air
Cifas invited Joëlle Zask to be in conversation with Giulietta Laki and Rafaella Houlstan-Hasaerts (Urban species action-research collective). Together they take a stroll through her various writings, taking as their starting point the re-edition of Outdoor Art. La sculpture et ses lieux (2013) under the title L'Art au grand air (2025) published by Éditions Premier Parallèle, an opportunity to explore the relationship between public space, participation and artistic practices.
In this conversation, the philosopher tells us about her relationship with art and her love of sculptural works in public space, while developing a critique of the ‘chamber’ conception of democracy and art. She also revisits the differences between 'public space’ and the ‘public place’, weaving in the writings of the pragmatist philosopher John Dewey. It is also an opportunity for her to explain her vision of participation in democracy and how this can be applied to art.