Carnaval, fête des fous médiévale, défilés, processions… En voilà des formes d’art dans l’espace public, chamarrées et participatives.
Il est plus que temps de confectionner son masque et sa parure de sonnailles et d’aller défiler en appelant à soi les forces du renouveau, la vitalité du Printemps. Traditionnellement, c'est la fête des jours gras et le salut à la viande qui précède la période de Carême et de détox, l’arrivée des plantes sauvages comestibles à foison. C’est aussi le moment où le Cerf se décoiffe. L’animal perd ses bois, à la fin de l'hiver. Le Roi est déchu. L’ordre bascule momentanément.
Oh… comme on décoifferait bien quelques tyrans et parfois même le petit tyran en nous.
En attendant, en mars, nous recommandons deux défilés qui luttent chacun à leur belle façon pour que Carnaval ne soit pas trop à l’étroit dans ses habits de tradition : celui de la Consoeurie des Connasses et ses Gilettes à la Louvière qui décoiffe le patriarcat et celui du Carnaval sauvage à Bruxelles, qui décoiffe le pouvoir immobilier.
(image : Philippe Conti)
Joëlle Zask
La semaine prochaine : une conférence sur l’espace public, la participation et l’art
Dans le cadre de Que peut la Nuit, laboratoire nocturne sur la participation dans l’espace public porté par le Collectif Impatience, nous accueillons Joëlle Zask pour une conférence à La Bellone. Celle-ci sera facilitée par Rafaella Houlstan-Hasaerts et Giulietta Laki du groupe de recherche et d’action Espèces Urbaines.
Ensemble, elles exploreront la notion de participation, plus particulièrement dans le cadre des projets artistiques. Parfois, la participation implique un « faire faire », une initiation extérieure. Comment désamorcer le pouvoir qui peut naître de cette initiation ? Quelle posture prend l’artiste dans ce contexte ? Quelle est la place de l’hospitalité dans les projets participatifs ? Quels sont les impacts politiques de ces projets participatifs ?
Joëlle Zask est une penseuse incontournable de l’espace public. Elle est spécialiste de philosophie politique et du pragmatisme. Elle est l’une des théoriciennes de la démocratie participative. Elle conçoit la participation comme une combinaison de « prendre part, apporter une part et recevoir une part ». La notion d'auto gouvernement, individuel ou commun, est au centre de sa réflexion. Elle est l’autrice de Art et démocratie : Les peuples de l'art (2003) et L’Art au grand air (2025).
En écho, arpentons l’ouvrage de Joëlle Zask sur la participation et envisageons l’espace public dans une perspective politique, sociale et démocratique
En art, en politique, à l’école, dans l’entreprise, dans la presse ou sur le web, une même injonction est aujourd’hui adressée à chacun·e d’entre nous : Participez ! Oui, mais à quoi, comment et dans quel but ? Que signifie, que sous-entend, qu’engage, la participation ? Sait-on ce que participer veut dire ? Rien n’est moins certain.
Dans cet essai, nous traverserons les formes possibles de la participation en nous questionnant sur leurs conditions d'existence et comment la démocratie s’incarne socialement, politiquement et culturellement à travers elles.
En en dessinant les contours et les formes, nous verrons en quoi la participation, celle qui est en jeu dans la qualité même des relations interhumaines, permet à chacun·e de contribuer à la construction d’un bien commun, tout en en bénéficiant également. Un idéal démocratique qui nous demande de toujours redéfinir l’espace public pour qu'il devienne un véritable lieu d’expériences et d'échanges égalitaires.
Soyez les premier·es à mettre la main sur le dernier numéro de la Revue Feral : Que fait le rituel à l’art ? Et l’art au rituel ?
La Revue Feral est la publication du Cifas qui récolte et prolonge les réflexions partagées pendant le festival Feral.
Cette année, c’est la place grandissante du rituel dans les arts vivants qui fera vibrer ses pages. Rites de l’intime, forces de guérison collective, (anti)spéculation urbaine ou réappropriation des traditions du Carnaval, tout ça danse, pense et transforme nos relations à l’espace public.
Alors Save the date. Le 16 avril, encore plein·es des énergies carnavalesques du mois de mars, on célébrera le lancement de ce troisième numéro et la quinzaine d’artistes, collectifs, praticien·nes et penseur·euses qui lui ont donné vie.
Retour sur Feral 2024 : Entretien autour de l’invisible dans les arts, en ligne sur la Cifasothèque
La création contemporaine s'est progressivement tournée vers l'idée du rituel pour en faire une alternative à la forme du spectacle. Ce geste mérite d'être interrogé car ses implications sont multiples : Toute performance est-elle de l'ordre du rite ? L'art tel que nous le vivons est-il un produit du désenchantement du monde ? Si tel est le cas, pouvons-nous réellement refaire du rituel sans souscrire à l'hypothèse d'un réenchantement illusoire voire impossible ? De telles questions méritent d'être explorées pour saisir les mutations actuelles des arts dans le cadre de bouleversements cosmopolitiques et historiques plus vastes.
En ricochet avec la sortie de la Revue Feral n°3, retrouvez donc cet entretien réalisé par Emmanuelle Nizou et diffusé lors d'une écoute collective pendant Feral 2024.
Carnival, medieval festival of fools, parades, processions... these are all colourful, participatory forms of art in public space.
It's high time to get your mask and bells on and go marching, calling to the forces of renewal and the vitality of Spring. Traditionally, this is the feast of Shrovetide and the salute to meat that precedes the period of Lent and detox, the arrival of wild edible plants in abundance. It is also the moment when the Stag is decrowned. The animal loses its antlers at the end of winter. The King is demoted. Order is momentarily overturned.
Oh, how we would like to decrown a few tyrants, and sometimes even the little tyrant in us!
In the meantime, we recommend two parades in March, each fighting in their own way to ensure that Carnival doesn't become too cramped in its traditional garb: the Consoeurie des Connasses and the Gilettes in La Louvière decrowning patriarchy, and the Carnaval sauvage in Brussels decrowning real estate power.
(image : Philippe Conti)
Joëlle Zask
Next week : a conference on public space, participation and art
As part of Que peut la Nuit, a nocturnal laboratory on participation in public space run by Collectif Impatience, we are welcoming Joëlle Zask for a talk at La Bellone. It will be facilitated by Rafaella Houlstan-Hasaerts and Giulietta Laki from the research and action collective Urban species.
Together they will explore the notion of participation, particularly in the context of artistic projects. Participation seems to imply external initiation by the person leading the project, but how can we defuse the power that can arise from this initiation? What posture does the artist take in this context? What place does hospitality have in participatory projects? What are the political impacts of these participatory projects?
Joëlle Zask is an important theorist of public space in the French-speaking world. She is a specialist in political philosophy and pragmatism. She is one of the leading thinkers on participatory democracy, seeing participation as a combination of "taking part, contributing a share and receiving a share".The notion of self-government is central to her thinking. She is the author of Art et démocratie : Les peuples de l'art (2003) and L'Art au grand air (2025).
In echo, a collective reading of Joëlle Zask's book on participation to consider public space from a political, social and democratic perspective
In the arts, in politics, at school, in the workplace, in the press or on the web, the same injunction is addressed to each and every one of us: participate.
Yes, but in what, how and to what end? Do we know what participation means? Nothing is less certain.
In this essay, we will explore the possible forms of participation, looking at the conditions under which they exist and how democracy is embodied socially, politically and culturally through them.
By outlining their contours and forms, we will see how participation enables everyone to contribute to the construction of commons, while also benefiting from them. This democratic ideal requires us to constantly redefine public space so that it becomes a place for egalitarian experiences and exchanges.
This year, it focusses on the growing importance of rituals in the performing arts. Rites of intimacy, forces of collective healing, urban (anti)speculation or the reappropriation of Carnival traditions, all this dances, thinks and transforms our relationship to public space.
So, save the date! On 16 April, still full of the energy of March's carnivals, we will celebrate the launch of this third issue and the fifteen artists, collectives, practitioners and thinkers who have brought it to life.
Back to Feral 2024: Interview around the invisible in the arts, online on the Cifasotheque
Contemporary art has gradually turned the ritual into an alternative to performance. This gesture deserves to be questioned because it has multiple implications: Is every performance a ritual? Is art as we experience it a product of the disenchantment of the world? If so, can we really make rituals again without subscribing to the hypothesis of an illusory or even impossible re-enchantment of the world? These questions deserve to be explored to understand the articulation of the current mutations of art and the wider context of cosmopolitical and historical upheavals.
As a ripple effect of the release of Feral Magazine n°3, we're pulling out of our drawer this interview conducted by Emmanuelle Nizou and broadcast as a collective listening session during Feral 2024.
